PRESSE
La Voix de l'Est, 1er septembre 2017
Un premier rôle pour Marie-Ève Beaulieu
MARIE-ÈVE LAMBERT
Parmi les nouveautés que les grandes chaînes télévisuelles nous proposeront cet automne, Faits divers, présenté les lundis soirs à 20 h à Radio-Canada, suscite un réel engouement. Et par le fait même, beaucoup d'attentes.
La série, écrite par Joanne Arseneau (Le Clan, 19-2, Les Rescapés) et réalisée par Stéphane Lapointe (Tout sur moi, La théorie du KO, Lâcher prise), nous propose, comme son nom l'indique, de pénétrer dans un univers sordide où les policiers et les criminels jouent au jeu du chat et de la souris. Et dans sa distribution figurent plusieurs noms qu'on est plus ou moins habitués de voir à l'écran, dont celui de Marie-Ève Beaulieu. « Stéphane (le réalisateur) a beaucoup lutté pour justement avoir de nouveaux visages », souligne cette dernière, reconnaissante.
La Cowansvilloise d'origine, qu'on a aperçue dernièrement dans District 31 dans la peau d'une médium excentrique, Fraya, puis auparavant dans Destinées, interprétera Anne Dupuis, une avocate galeriste trempée dans des magouilles de trafic d'oeuvres d'art. « C'est un rôle incroyable ! Je priais pour enfin jouer les méchantes ! », s'exclame la principale intéressée au bout du fil.
Avec ses airs angéliques et candides, le casting de prédilection de cette finissante 2004 du Conservatoire d'art dramatique de Montréal tournait effectivement autour « des fines, des douces ». « Mais quelque chose criait en dedans de moi, et l'univers m'a finalement entendue », dit-elle.
Avec le réalisateur, elle a d'ailleurs construit son personnage autour d'une « version trash d'Amélie Poulain ». « On a essayé de casser cette image-là. Il me disait "ok, c'est le moment de faire Amélie Poulain" et l'instant d'après "ok, démolis-la !" », raconte la comédienne.
Pour s'inspirer, elle s'est aussi « payé la traite ». « J'ai revu tous les films de méchants que j'aimais. Je me suis nourrie de Sharon Stone, de l'univers d'Alfred Hitchcock... »
Dans Faits divers, son personnage d'Anne Dupuis en est un de premier rôle. Il débarque dans le deuxième épisode. Et la comédienne espère qu'il portera ses fruits.
« Cette série-là est arrivée comme un miracle. C'est probablement le rôle le plus gros, le plus chargé et le plus riche que j'ai eu à jouer. Je suis habituée à jouer des personnages plus légers. Ce rôle-là vient chercher une profondeur de plusieurs couches, et j'ai mordu là-dedans à fond la caisse. J'aimerais bien m'en servir comme nouvelle carte de visite. Pour montrer que je suis là, pour qu'on me décatégorise. »
Au théâtre
La journée de la diffusion du premier épisode, soit le 11 septembre, Marie-Ève Beaulieu entamera également une nouvelle aventure sur les planches avec la première répétition des Fourberies de Scapin, qui sera présentée au TNM en 2018. Elle y incarnera l'amoureuse, Hyacinthe.
« Au départ, on voulait faire un Molière à la Chaplin, mais on s'est rendu compte que ça avait déjà été fait. On est quand même resté dans l'univers de la comédie musicale », laisse-t-elle entendre.
En terme de comédie musicale, elle s'y connaît quand même un peu, elle qui avait tenu le rôle principal dans Sweet Charity, en 2008, dans une mise en scène de Denise Filiatrault au Théâtre du Rideau vert.
La Cowansvilloise d'origine Marie-Ève Beaulieu jouera Anne Dupuis, une avocate galeriste impliquée dans le traffic d'oeuvres d'art, dans la nouveauté de Radio-Canada "Faits divers", présenté les lundis soirs, 20h, dès le 11 septembre.
Photo Annie Éthier
Notre bulletin de mi-saison
par Richard Therrien.
Le beau temps nous a fait bouder notre télé en début de saison, avant qu’on s’y reprenne, une fois le véritable automne venu. En retard sur les nouvelles émissions et sur les retours? Déjà à mi-saison, voici ce qu’il vaut la peine de rattraper, et ce qui peut très bien attendre…
Le Soleil, 14 octobre 2017
Faits divers: 9,5/10 (ICI Radio-Canada Télé)
Mon coup de cœur de l’automne. Marie-Ève Beaulieu est parfaite en avocate tueuse et folle dingue, qui met une énergie méticuleuse à dissimuler son crime. Et Fabien Cloutier excelle dans la gaucherie et la vulnérabilité d’un piètre criminel. Une série policière complexe, surréaliste, qui ne ressemble à rien de ce qu’on a fait ici, et qu’on ne regarde pas en faisant la vaisselle, pour en saisir toutes les subtilités. Dommage que la série vivote dans les sondages, l’œuvre écrite par Joanne Arseneau et réalisée par Stéphane Lapointe mérite d’être vue en rafale sur ICI Tou.tv.
par Richard Therrien.
CHRONIQUE / Les amateurs de polars devraient cocher la date du 11 septembre sur leur calendrier. Faits divers, la nouvelle série du lundi à 20h sur ICI Radio-Canada Télé, contient tous les ingrédients des meilleurs romans policiers, additionnés d'un humour noir irrésistible. À des années-lumière de L'auberge du chien noir, qui a occupé cette case durant 15 ans.
Signée Joanne Arseneau (19-2, Le clan) et produite par Sophie Deschênes chez Sovimage (Mensonges, Les pays d'en haut), la série devait d'abord s'intituler Constance, du nom de son héroïne, Constance Forest (Isabelle Blais), chef enquêteur du bureau régional de Mascouche, relativement paisible, mais pas pour longtemps. La mère de trois enfants a affaire à un double meurtre, à Saint-Canut dans les Laurentides, celui d'une banlieusarde et d'un fermier trouvés dans un champ.
Le dossier est d'une telle gravité qu'on devra dépêcher sur place l'escouade des crimes majeurs, avec qui devra collaborer, à reculons, la police locale. «Heille, CSI: Mascouche!» se moque l'enquêteur en chef Frédérik Bérubé (Émile Proulx-Cloutier, moustachu) en arrivant sur les lieux. «Le fun est fini. Les smattes de la ville qui arrivent», venait de dire Jonas (Maxime Mailloux), le fidèle partenaire de Constance. Ça donne le ton aux rapports qu'entretiendront les deux parties. Commence alors un jeu de chat et de souris extrêmement divertissant entre enquêteurs et criminels.
Fabien Cloutier joue Mike Pratt, propriétaire d'un commerce de portes et fenêtres, rapidement soupçonné par les enquêteurs.
Fabien Cloutier est fabuleux dans le rôle de Mike Pratt, propriétaire d'un commerce de portes et fenêtres, rapidement soupçonné par les enquêteurs. Sous l'emprise d'un habile mafieux (David Boutin), le pauvre n'est visiblement pas fait pour le crime, s'empêtre dans ses mensonges, tellement qu'il en fait pitié. D'instinct, Constance est incapable de le croire coupable, alors que ses collègues l'ont déjà incriminé.
En parallèle, Constance doit composer avec les gaffes de son père ivrogne (Guy Nadon) et la présence envahissante de son ex, Sylvain (Patrick Hivon), viré de la police et magouilleur de première. Ancien amant de Constance et toujours amoureux d'elle, Fred Bérubé (Proulx-Cloutier) comprend mal qu'elle veuille encore protéger cet homme qui lui attire autant d'ennuis.
Parmi les grandes qualités de Faits divers, on entre rapidement dans le vif du sujet. Dès les premières minutes, le téléspectateur est témoin d'un des meurtres, par l'entremise du chien d'une des victimes, qui flaire la scène de crime. Un angle intéressant, qui entretient notre plaisir de voir tout le monde s'empêtrer à résoudre l'affaire par la suite. On nous avait prévenus que Faits divers aurait des couleurs de Fargo, film mythique et série noire des frères Coen, et c'est le cas. Loin des CSI de notre télé, on a opté pour une ambiance plus chaleureuse, très «vintage». Comme dans Fargo et sa policière enceinte, Constance est entourée de subalternes toutes en attente d'un bébé, mais confinées à des tâches administratives.
Le réalisateur Stéphane Lapointe, qui a beaucoup donné dans la comédie (Tout sur moi, La théorie du K.O., Lâcher prise), donne un ton décalé aux textes de Joanne Arseneau, mais l'ensemble demeure étonnamment réaliste. Sa direction d'acteur est impeccable. On a d'ailleurs affaire ici à de grandes performances. Mylène Mackay est formidable dans le rôle de la maîtresse de Pratt, prête à tout pour qu'il soit blanchi. Et vous aimerez détester Marie-Ève Beaulieu dans celui de l'avocate Anne Dupuis, reine de la malhonnêteté et dangereusement retorse. Jean-Pierre Bergeron est particulièrement savoureux dans un rôle aussi truculent qu'inquiétant.
Une des intrigues, assez rocambolesque, aura des échos chez ceux qui se souviennent du fameux cadavre découpé dans le congélateur de Claire Lortie, un fait divers qui a fait la manchette dans les années 80. Et qui a eu lieu où? À Saint-Canut!
J'ai vu les trois premiers épisodes, et j'attends avec impatience de voir les sept suivants. De savoir jusqu'où le pauvre Mike s'enfoncera, et ce qu'il a réellement à se reprocher. Joanne Arseneau réfléchit déjà à une deuxième saison, qui aurait comme trame de fond une tout autre affaire de crime. Reste à voir si l'auditoire sera au rendez-vous, étant donné que L'Échappée connaît un vif succès à la même heure à TVA.